Paru le 1 mai 2025
Chaque année, le mois de mai est consacré à la sensibilisation aux agressions à caractère sexuel. Ce moment vise à rendre visible une réalité encore trop souvent marquée par le silence, la honte et la stigmatisation. Dans ce contexte, il est essentiel d’explorer des options de justice diversifiées, qui tiennent compte des besoins des personnes ayant vécu des agressions à caractère sexuel. L’une de ces avenues est la justice réparatrice.
Comprendre les agressions à caractère sexuel
Les agressions à caractère sexuel sont des actes violents, non consentis, qui ont des conséquences profondes sur les personnes victimes. Ces agressions peuvent prendre diverses formes — attouchements, viol, harcèlement, coercition — et affecter des personnes de tous les âges, genres et milieux.
Les impacts des agressions à caractère sexuel sont multiples : traumatisme psychologique, perte de confiance, isolement, anxiété, dépression, voire idées suicidaires. Trop souvent, les victimes choisissent de ne pas porter plainte par peur de ne pas être crues, de revivre le traumatisme ou de subir un processus judiciaire lourd.
Le système judiciaire traditionnel : ses limites
Le système de justice pénale vise avant tout à punir l'agresseur. Bien qu’il soit nécessaire pour établir la responsabilité criminelle, il ne répond pas toujours aux besoins émotionnels et humains des personnes victimes. Le processus peut être long, froid, et centré sur l’accusé, laissant les personnes survivantes sans espace pour s’exprimer pleinement ou être entendues.
Comprendre la justice réparatrice
La justice réparatrice propose une approche centrée sur la réparation des torts et le dialogue. Contrairement à la justice pénale, elle ne vise pas la sanction, mais plutôt la reconnaissance des torts, l’écoute des besoins des personnes touchées par la situation, et la recherche de solutions concrètes pour réparer les préjudices causés.
Au Québec, Équijustice est un acteur majeur de cette approche. Son réseau offre des services de justice réparatrice et de médiation entre personnes victimes et personnes auteures, lorsque les conditions sont réunies et que les deux parties y consentent librement.
Est-ce possible après une agression sexuelle?
La justice réparatrice peut être offerte dans les cas d’agressions à caractère sexuel, mais seulement avec le consentement éclairé des personnes concernées, et dans un cadre sécuritaire. Elle ne remplace pas la justice pénale, mais peut offrir une option de justice plus humaine pour les personnes victimes qui le souhaitent.
Dans ce type de démarche :
- La personne victime peut exprimer son vécu, ses questions, ses besoins.
- La personne auteure est amenée à entendre les impacts de ses actes, et à dialoguer sur la situation.
- Des médiateurs et médiatrices formées accompagnent les personnes dans chaque étape pour garantir la sécurité émotionnelle et physique de chacun·e.
Reprendre le pouvoir de sa vie
Les personnes victimes qui participent à des processus de justice réparatrice le font souvent pour reprendre du pouvoir sur leur histoire, pour obtenir des réponses, ou encore pour réduire l’emprise psychologique de l’événement. Bien que ce ne soit pas une solution miracle, plusieurs témoignent d’un certain soulagement, d’un apaisement, voire d’un tournant dans leur vie.
Justice réparatrice dans un contexte d’agressions sexuelles : parlons-en!
Trouver son propre parcours de dénonciation après une agression à caractère sexuel, un balado proposé par Viol-Secours CALACS de Québec.
"Après une agression sexuelle, quelles sont les options pour obtenir justice et réparation ? Dans cet épisode de Briser le silence, nous recevons Déborah et Olivier qui nous présentent deux avenues possibles ; la justice pénale et la justice réparatrice. Déborah, experte de vécu, nous partage son expérience et son regard sur le parcours judiciaire traditionnel, avec ses défis et ses enjeux. Olivier, médiateur chez Équijustice Lévis , nous explique cette alternative, qui mise sur le dialogue et la reconnaissance du tort causé pour permettre une forme de réparation. Cet échange éclaire deux différentes options et leurs impacts, toutefois, il existe d’autres recours. Il est important de rappeler que porter plainte ou avoir recours à la justice réparatrice n’est pas obligatoire et que chaque personne peut choisir le recours qui lui convient."
Après Mazan I Réparer la société (4/4)
Après le procès des viols de Mazan, il existe plein de leviers pour s’attaquer à la racine des violences sexuelles. Ces pistes sont proposées par des militantes féministes, des professionnel·les du terrain ou des commissions gouvernementales spécialisées : elles ne demandent plus qu’à être appliquées. Quelles mesures pourraient faire reculer les violences sexistes et sexuelles ? Que deviennent les victimes et les auteurs de violences une fois le jugement rendu ? La prison est-elle vraiment la seule réponse possible ? Pour en discuter, Naomi Titti reçoit le psychiatre Walter Albardier, l’avocate Marjolaine Vignola, la présidente du Collectif Féministe Contre le Viol Emmanuelle Piet, la députée Sandrine Josso et la docteure en sciences politiques Alexane Guérin. Ensemble, il et elles dessinent les contours d’une autre justice qui, au-delà de punir, répare et protège. Une justice qui pourrait enfin nous rendre toutes et tous libres.
Témoignage d'Emmy/ Emmy's words
Emmy est une jeune femme qui a eu recours au service de médiation spécialisée offert à Équijustice pour les cas de crimes graves, dont les violences intimes. Elle partage son expérience de médiation.
Témoignage en langue anglaise, sous-titres FR disponibles dans les paramètres de la vidéo
Et maintenant?
En mai, mois de la sensibilisation aux agressions à caractère sexuel, il est essentiel de rappeler que chaque parcours de justice est unique. La justice réparatrice n’est pas une solution universelle, mais elle peut être une voie significative pour reconstruire, comprendre, et avancer. Il est crucial de diversifier les réponses aux agressions sexuelles, car chaque parcours est unique.
S’informer, écouter, soutenir et respecter les choix des victimes : voilà des gestes concrets que nous pouvons poser, individuellement et collectivement.
Obtenir des services de médiation spécialisée
Équijustice offre un service de dialogue, la médiation spécialisée, pour les personnes victimes, les auteurs et les témoins de violences sexuelles et autres crimes graves contre la personne tels que
- inceste,
- agressions sexuelles,
- violence conjugale et physique,
- maltraitance et abus sur des personnes adultes et aînées,
- homicide,
- Harcèlement criminel
- Toute autre situation criminelle grave contre la personne.
La médiation spécialisée peut être envisagée :
- à tout moment de la vie d’une personne,
- qu’il ait eu une plainte ou non,
- entre les personnes directement liées par les actes (personnes victimes, proches et agresseurs concernés)
- ou avec des personnes de substitution pour des actes apparentés.