FAQ - Le processus de justice réparatrice en pratique

Est-ce sécuritaire?

Oui. La sécurité physique et émotionnelle des personnes est une priorité chez Équijustice.

Chaque rencontre est :

  • Préparée et encadrée par des médiateurs formés à l’approche relationnelle
  • Adaptée aux besoins et aux attentes de chaque personne
  • Réalisée uniquement si toutes les conditions de respect et de sécurité sont réunies

Les médiateurs veillent à ce que chaque personne dispose d’un filet de sécurité tout au long du processus. Le dialogue ne se fait jamais à tout prix : il doit être constructif, volontaire et sécuritaire pour toutes les personnes impliquées.

Combien de temps dure l’accompagnement?

La durée de l’accompagnement varie selon votre situation.
Dans la majorité des cas, la démarche est construite sur mesure, à votre rythme, sans nombre de rencontres imposé. Les médiateurs et médiatrices vous accompagnent aussi longtemps que nécessaire.

Dans le cadre de programmes judiciaires comme le PMRG (adultes) ou la LSJPA (jeunes), un délai est fixé par le système de justice pour compléter la démarche. Même dans ce cadre, nous adaptons le processus aux besoins des personnes, dans la limite du temps disponible.

En médiation spécialisée, nous avançons toujours au rythme de la personne la plus vulnérable, pour garantir un espace sécuritaire et respectueux

Puis-je arrêter la démarche?

La démarche peut être arrêtée ou mise en pause à tout moment. La justice réparatrice est un processus volontaire et consenti par toutes les personnes. Chaque participant a donc la possibilité de se retirer de la démarche à n’importe quel moment.

Faut-il avoir porté plainte?

Non, il n’est pas nécessaire d’avoir porté plainte pour participer à une démarche de justice réparatrice.

La justice réparatrice peut être offerte en dehors de toute procédure judiciaire, par exemple dans des conflits entre personnes ou dans des situations graves non dénoncées.

Pourquoi faire une démarche de justice réparatrice?

Pour poser des questions, être entendu, exprimer les impacts de la situation, reconnaître les torts, ou simplement comprendre ce qui s’est passé.

Dans certains cas, les personnes entament une démarche sans savoir vraiment ce qu’elles viennent chercher. Chaque démarche est unique et coconstruite avec les personnes concernées. C’est ce que nous appelons une « démarche de justice sur mesure ».

Quel est le bon moment pour commencer une démarche de justice réparatrice?

Il n’est jamais trop tôt ou trop tard pour entamer une démarche de justice réparatrice. Chaque démarche de réparation et de médiation est unique et personnalisée. Ce sont les personnes qui, avec le soutien du médiateur ou de la médiatrice, déterminent les conditions du dialogue et le moment où elles sont prêtes à aller à la rencontre de l’autre.

Pourquoi être accompagné par un médiateur ou une médiatrice?

La préparation des participants est un pilier du processus de médiation. Le soutien d’un médiateur ou d’une médiatrice permet d’assurer la sécurité des personnes, de garantir le respect de leur dignité et de leurs droits, d’encadrer les personnes lors du processus, d’anticiper les difficultés, d’éviter les surprises.

Les médiateurs et médiatrices d’Équijustice sont là pour s’assurer que les échanges se font uniquement si les conditions de respect et de sécurité sont réunies pour toutes les personnes participantes.

Quel est le rôle des médiateurs?

Le rôle des médiateurs et médiatrices d’Équijustice est de vous accompagner dans votre démarche en respectant vos souhaits et en veillant à votre sécurité. C’est ce que nous appelons une « démarche de justice sur mesure ».

Plus concrètement, leur rôle consiste à :

  • accueillir votre demande, répondre à vos questions et vous fournir l’information nécessaire ;
  • contacter les personnes concernées et les inviter à s’impliquer dans la démarche ;
  • vous écouter lors de rencontres individuelles ;
  • explorer avec vous vos attentes et les différentes options de dialogue possibles ;
  • mettre en place les conditions favorables à une bonne communication ;
  • préparer, encadrer et animer les rencontres et le dialogue ;
  • vous soutenir avant, pendant et après le dialogue ;
  • vous référer à d’autres ressources ou services si nécessaire.

Le médiateur prend-il parti?

Non. Le médiateur ou la médiatrice accompagne toutes les personnes impliquées, sans parti pris. Il ou elle construit une relation de confiance avec chacune, peu importe leur rôle ou leur vécu.

C’est ce qu’on appelle la pluripartialité : le médiateur ne prend pas parti pour une personne, mais pour le dialogue lui-même et sa faisabilité.

Son rôle est de garantir un cadre sécuritaire et respectueux, pour que chaque personne puisse s’exprimer librement et être entendue

Comment prépare-t-on les personnes au dialogue?

La préparation est une étape essentielle du processus.
Chaque personne est rencontrée individuellement, autant de fois que nécessaire, pour réfléchir à ses objectifs, à ce qu’elle souhaite dire et à la manière de le dire.

Le médiateur ou la médiatrice aide à anticiper les réactions possibles, à se préparer émotionnellement et à imaginer différents scénarios. Ce travail s’appelle la scénarisation.

Tout ce qui est dit pendant ces rencontres reste confidentiel.
Le dialogue n’a lieu que si toutes les conditions de respect et de sécurité sont réunies pour chaque personne.

Comment se déroule une rencontre de médiation?

Une rencontre de médiation est un espace de dialogue confidentiel et sécuritaire, animé par un·e médiateur·trice impartial·e. Elle permet aux personnes concernées par un conflit ou une situation difficile de s’exprimer librement, de se comprendre mutuellement et de réfléchir ensemble à ce qui pourrait être réparateur ou apaisant.

Voici les grandes étapes :

1.     Accueil et préparation
Chaque personne est d’abord rencontrée séparément pour comprendre son vécu, ses besoins et ses attentes. Le processus est expliqué clairement, et la participation est toujours volontaire.

2.     Rencontre de médiation
Si toutes les personnes sont d’accord, une rencontre commune est organisée. Chacun peut parler, écouter, poser des questions et partager son point de vue dans un cadre respectueux. Le rôle du médiateur ou de la médiatrice n’est pas de proposer une solution, mais de faciliter le dialogue pour que les personnes puissent, si elles le souhaitent, identifier ensemble des gestes ou des engagements qui font sens pour elles.

3.     Suivi
Un suivi peut être proposé pour accompagner les personnes dans la suite de leur démarche, selon leurs besoins.

La médiation chez Équijustice repose sur l’écoute, le respect et la liberté de participation. Elle ne vise pas à résoudre un problème à la place des gens, mais à les accompagner dans leur propre cheminement.

Faut-il se rendre jusqu’à la médiation?

Pas nécessairement.
Pour certaines personnes, les rencontres individuelles avec le médiateur ou la médiatrice sont déjà réparatrices. Le dialogue direct n’est pas toujours nécessaire ni souhaité.

La démarche est volontaire et peut être arrêtée à tout moment.
Ce qui compte, c’est que chaque personne puisse avancer à son rythme, dans un cadre sécuritaire et respectueux.

Les rencontres sont-elles en groupe?

Pas nécessairement. La plupart des démarches commencent par des rencontres individuelles, centrées sur l’écoute de chaque personne.

Le format du dialogue (individuel, en groupe, avec ou sans tiers) est défini avec les personnes concernées, selon leurs besoins et leurs préférences.

Chez Équijustice, rien n’est imposé. Chaque démarche est construite sur mesure.

Au Québec, des organismes comme le CSJR sont spécialisés dans les cercles de parole et invitent des membres de la communauté à participer aux rencontres.

La rencontre est-elle toujours en face à face?

Non. Le face-à-face physique n’est jamais imposé. Le dialogue peut se faire en personne, par écrit, par téléphone ou en visioconférence, selon ce qui convient le mieux aux personnes impliquées.

Le processus ne vise pas à rétablir un lien ou à réconcilier les personnes, sauf si elles le souhaitent.

Ce qui compte, c’est ce que vous voulez dire et comment vous souhaitez le faire.

Puis-je rencontrer mon agresseur?

Oui, si vous le souhaitez et si les conditions de sécurité sont réunies.

Équijustice offre un service de médiation spécialisée pour les personnes victimes, auteurs et proches, dans des situations graves comme :

  • Violences sexuelles (inceste, agressions, etc.)
  • Violences conjugales ou physiques
  • Homicide, maltraitance
  • Harcèlement criminel ou en ligne

La rencontre peut avoir lieu à tout moment de la vie, même plusieurs années après les faits. Et si l’auteur est décédé, injoignable ou refuse de participer, il est possible d’organiser un dialogue avec une personne de substitution.

La démarche est toujours volontaire, encadrée et adaptée à vos besoins.

Faut-il pardonner?

Non. Le pardon n’est jamais une obligation en justice réparatrice.

La démarche ne vise ni la réconciliation, ni la guérison. Elle est construite à partir des attentes de chaque personne, selon ce qui est important pour elle.

Certaines personnes souhaitent pardonner, d’autres non — et c’est parfaitement légitime. Ce qui compte, c’est que vous puissiez exprimer ce que vous avez vécu, être entendu·e, et avancer à votre manière.

Comment savoir si la personne est sincère ?

C’est une question fréquente, surtout pour les personnes victimes — et elle est tout à fait légitime.

Avant tout dialogue, les médiateurs et médiatrices d’Équijustice rencontrent chaque personne séparément pour vérifier leur motivation et leur consentement. La sincérité ne peut jamais être garantie, mais elle est observée, évaluée et encadrée tout au long du processus.

Si les médiateurs constatent un manque de sincérité ou un risque pour la sécurité émotionnelle ou physique, ils peuvent :

  • Proposer un accompagnement individuel plus long
  • Offrir d’autres options à la personne victime
  • Mettre fin à la démarche si nécessaire

La sécurité des personnes est toujours une priorité. Le processus ne se poursuit jamais à tout prix.

Pourquoi le dialogue est au cœur du processus ?

En justice réparatrice, le dialogue est réparateur en soi.

Chaque personne arrive avec son vécu, ses émotions, ses questions. Le processus permet d’avancer à son propre rythme, sans pression de résultat.

Contrairement à une démarche juridique ou transactionnelle, on ne cherche pas à “régler” un problème. On cherche d’abord à comprendre, à exprimer ce qui a été vécu, à être entendu et reconnu.

Une solution ou une entente peut émerger du dialogue — mais elle n’est jamais imposée. Ce qui compte, c’est le chemin parcouru, pas seulement le résultat.

Pourquoi la justice réparatrice ne donne-t-elle pas simplement une solution au problème ?

Parce que la justice réparatrice ne cherche pas à imposer une réponse, mais à permettre aux personnes concernées de la construire ensemble.

Plutôt que de décider à leur place, elle crée un espace sécuritaire où les personnes touchées par un tort — qu’elles soient victimes, auteurs ou proches — peuvent :

  • exprimer ce qu’elles ont vécu,
  • comprendre les impacts de l’acte,
  • explorer ensemble des pistes de réparation qui ont du sens pour elles.

Chaque situation est unique. Ce qui est juste ou réparateur pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre. C’est pourquoi la justice réparatrice mise sur le dialogue, l’agentivité et la participation active, plutôt que sur une solution toute faite.

En bref : la solution vient des personnes elles-mêmes, pas de l’intervenant·e ou du système.