Les hommes victimes d'agression sexuelle

Paru le 17 juillet 2024



Six ans après le mouvement social #MoiAussi, il peut encore être difficile pour certaines personnes victimes d’agression sexuelle de sortir de l’ombre. C’est notamment la situation pour les hommes ayant vécu une agression sexuelle qui sont confrontés à de nombreux préjugés sociaux, au manque de reconnaissance, aux stéréotypes entourant la masculinité, au manque de ressources d’aide et d’écoute, autant d’obstacles qui rendent difficile le dévoilement des faits.

Samuel Dussault, le directeur du Regroupement des organismes québécois pour les hommes agressés sexuellement était invité à notre congrès annuel de justice réparatrice et de médiation, en mai 2024, pour faire le point sur la réalité des hommes ayant subi des agressions sexuelles.

Données sur les hommes victimes d’agression sexuelle

Le site du Regroupement des organismes québécois pour les hommes agressés sexuellement met en lumière une série de données provenant de recherches pertinentes sur divers enjeux vécus par les hommes victimes d’agression sexuelle. Ces informations permettent d’avoir une meilleure compréhension des réalités auxquelles sont confrontés les hommes victimes d’agression sexuelle. La section consacrée aux mythes et préjugés permet de contribuer à les déconstruire et de bâtir une société plus juste et respectueuse, qui encourage la compréhension, la bienveillance et l’empathie.

Témoignages d’hommes victimes d’agression sexuelle

Le Collectif National sur la Victimisation au Masculin (CNVAM) a été fondé en 2019 dans le but de réunir les différents acteurs afin de promouvoir les connaissances empiriques sur la victimisation au masculin et leurs applications pratiques. Une série de capsules vidéo vise à démystifier la victimisation sexuelle subie en enfance par des hommes en explorant leur parcours, en partenariat avec des hommes victimes d’abus ou d’agression sexuelle en enfance.

Voir plus de témoignages d'hommes victimes d'agression sexuelle

Tracer les maux, six textes autour de la violence sexuelle vécue par les hommes,est un projet littéraire qui a pour objectif de démystifier les réalités d’hommes survivants de traumas interpersonnels en enfance et de déconstruire certaines normes néfastes de la masculinité. Tracer les maux est issu d'un projet de recherche du Collectif national sur la victimisation au masculin.

Aider les parents d'adolescents qui ont été agressés sexuellement

EMPHASE- Entraide Mauricie-Centre-du-Québec pour hommes agressés sexuellement dans l’enfance est un organisme qui cherche à faire connaître et à développer une plus grande compréhension de la problématique des agressions sexuelles commises envers les hommes et adolescents. Emphase a publié un nouveau guide pour les parents d'adolescents abusés sexuellement : ce guide est le fruit d'un travail approfondi et de nombreuses consultations avec leurs partenaires qui travaillent directement avec les adolescents. Il vise à partager des notions importantes et des conseils pratiques pour accompagner au mieux votre enfant. 

La justice réparatrice pour les hommes victimes d’agression sexuelle

Équijustice offre un service de justice réparatrice basé sur de dialogue pour les personnes victimes, les auteurs et les témoins de violences sexuelles et autres crimes graves contre la personne. Si vous êtes un homme victime d’agression sexuelle et que vous souhaitez discuter avec un médiateur ou une médiatrice de votre situation, des torts que vous avez subis et de vos attentes pour l'avenir, contactez-nous. 

La médiation spécialisée est un service de justice réparatrice basé sur le dialogue qui peut être envisagée :

  • à tout moment de la vie d’une personne,
  • qu’il ait eu une plainte ou non,
  • entre les personnes directement liées par les actes (personnes victimes, proches et agresseurs  concernés) 
  • ou avec des personnes de substitution pour des actes apparentés. 

La démarche est gratuiteconfidentiellevolontaire et sécuritaire. Elle est conçue sur-mesure, à votre rythme, et vous pouvez mettre en pause ou vous retirer du processus à tout moment.  À Équijustice, nous entendons par médiation, toute démarche de dialogue entre des personnes, quels qu'en soient le sujet ou la forme. Ces échanges ne sont pas nécessairement en face à face. Ils peuvent prendre différentes formes (en personne, par lettres, par téléphone, par visioconférence, etc.). Ces modalités sont à explorer avec votre médiateur ou médiatrice lors de rencontres individuelles.

Pour en savoir plus, contactez Catherine Voyer, coordonnatrice des services médiation spécialisée

Faire une demande de médiation spécialisée

Mythes et préjugés concernant les hommes victimes d’agression sexuelle

Un garçon victime d’abus sexuel deviendra agresseur à son tour : FAUX. 70 à 88% des hommes victimes d'agression sexuelle dans l’enfance ne reproduisent pas les crimes qu’ils ont subi. Le fait d’avoir été agressé n’est pas un prédicteur d’abus. Au contraire, les hommes victimes prennent souvent une distance émotionnelle et physique avec les/leurs enfants.

Un garçon abusé par un homme est ou deviendra homosexuel : FAUX. Seulement 28% des hommes abusés sexuellement rapportent que l’abus a affecté leur orientation sexuelle. Ce n’est pas un critère déterminant. Toutefois, il est vrai que l’abus génère beaucoup de remises en question et de doutes sur leur orientation sexuelle ou leur masculinité.

Les agresseurs sont toujours des hommes : FAUX. Il existe une portion significative d’agresseurs qui sont des femmes. Au Québec, on rapporte 1 agression dans l'enfance sur 4 qui serait le fait d’une femme. 

Si le garçon a une érection, ce n’est pas une agression : FAUX. Pour les hommes, comme pour les femmes, c’est la notion de majorité sexuelle et de consentement qui prime et détermine si l’acte est une agression sexuelle ou non! "L'âge de consentement fait référence à l'âge auquel une jeune personne peut légalement donner son consentement à des activités sexuelles. Les dispositions sur l'âge de consentement s'appliquent à toutes les formes d'activités sexuelles, qu'il s'agisse de baisers, de caresses ou de relations sexuelles. L'absence de consentement aux activités sexuelles, peu importe l'âge, constitue une infraction criminelle."

Les hommes se remettent mieux d’une agression : FAUX. La majorité des hommes victimes d'agression sexuelle ne parlent pas de leur expérience, ou peine à identifier leur expérience comme un abus. 76% des victimes ne reconnaissent pas leur vécu comme une agression sexuelle. Ce silence qui pèse sur les hommes victimes d’agression sexuelle ne signifie pas qu’ils se remettent mieux de leur expérience d’abus ou qu’ils en souffrent moins. Toutefois, il est vrai que 22% des hommes victimes déclarent ne pas avoir été du tout affectés par l’agression (contre 2% des femmes victimes d’un crime identique). Dans tous les cas, pour les femmes comme pour les hommes, les victimes minimisent les crimes dont ils ont été victimes et préfèrent ne pas dénoncer.

Si vous êtes un homme victime d'agression sexuelle, vous n'êtes pas seul. Parlez-en!